Jore the bookmaker. (23AG-23-AG)





This stocky man made all his colleagues jealous, so much so that he received threatening letters, was insulted in public, etc. as, quite plainly, his runners were always winning. How was this possible? He seemed able to accurately predict the number of moves an athlete was likely to make in a lifetime, placing him as a result in the best position to win when the time came. Energy, rest, endurance, effort, Jore could read all these skills in an individual in one single (rather pricey) session.

As a result, and to exploit his technical advantage over his colleagues, he embarked on a far more lucrative endeavour than betting on runners. He betted on the end of their lives. He knew perfectly well how far a runner could go, and once this limit was passed, perhaps aided by some substance of his own devising, just after the finishing line, the athlete reeled, thrashing about furiously, twisting in the sand, tearing off his vest, let loose a final scream, and fell, doubled over, fingers twisted, head first.

Many would have gone bankrupt to see this unique moment; the athlete placed feet up, to boos from the audience. This was indeed a dangerous game for Jore, since he might be accused of murder, and the runners themselves were a touch apprehensive at the notion of joining his stable. But what are such old lady's precautions when glory itself is on offer, naked on a platter? Thanks to a few subtle, financially barely compromising failures, spread out here and there, Jore managed to eliminate the growing mistrust towards him. On the other hand, in his very exclusive club at 8, rue Volta, one could bet astronomical amounts, or one's grandmother, or anything that might strike Jore's fancy, on the fall of such and such a world class runner, female jumper, shouter, eater.

Audiences therefore came to witness this extraordinary exploit, not to watch an athlete win a race, a banal and incessantly repeated experience, but to see what happened right afterwards, would he fall? Turn blue? Freeze in mid-race? Empty himself out by all his orifices? The crowd then rejoiced and Jore the bookmaker was called, arriving to great cheering from the crowd, in his ineffable cream suit and wide-brimmed hat, raising the arm of the defeated winner, and discretely slipping the trophy into his large yawning pocket.

Rocher le Roc, sea coyote.

A unique case, the coyote of the seas was originally a chartered accountant with a love for deep-sea diving. In his descents further and further towards the inverted summits of the deep, he was able to adopt new forms suited to these surroundings with their diffuse light and extreme pressure, such as the shape of a sea coyote. It is not known whether he stayed like that because he liked it, was forced to, by mistake, but, coming up from the depths towards the sky, one day in May, Rocher le Roc still had his coyote appearance and lived out the rest of his days in this form; never diving again. His appearance, scarcely suited to a life on land, led him naturally to seek out a place in an oceanorium, where delighted children with his clowning and refined mathematical riddles. He refused to comment on the undersea events that had led him to abandon his research and his hidden life.

la Flûte amère du Roi de Hongrie.

   Ce roi, Mohology 1° n'avait comme conseiller que sa flûte : elle lui disait, en fonction de la forme des mélodies qu'elle lui autorisait à jouer quelles étaient les décisions à prendre. Il avait un collège de musicologues qui notaient précieusement les mélodies et les décryptaient, selon des lois canoniques et il faut dire fort mystérieuses pour en tirer un oracle parfois sybillin (" Bec plat, ongles court"), soit clair et et fort peu diplomate : "fer et sang".
   Le collège était constitué d'hommes entre 35 et 65 ans qui passaient de longues années à étudier les milliers de mélodies consignées depuis des siècles. Celles-ci étaient notées sur des parchemins richement illuminés, où l'on pouvait lire par des dessins et des descriptions subtiles le contexte dans lequel la mélodie était apparue au roi. Or quelques mélodies restaient impénétrablement muettes, malgré les contorsions des musicologues retirés qu'on appelait exceptionnellement à la rescousse (le collège des sages).
   Ainsi, en 1433, à l'aube de la grande guerre qui opposa la Hongrie et la Soubaline du Sud, apparut la phrase suivante : "rusjrecc amène feu llearitt". Amène feu était bien sûr limpide surtout pour les ministres affairés à l'expansion du royaume, mais que faire de rusjrecc et de llearitt ? la flûte étant absolument inattaquable, la remettre en question étant même passible de la peine capitale sans jugement, tout reposait sur la qualité des interprètes. Or que faire de mots qui n'existent pas dans la langue du pays ?
    On ne peut pas imaginer que la flûte se mette à parler une langue étrangère : autant l'imaginer travailler pour des puissances ennemies ! Des têtes tombèrent. (Notamment celle de Fuljucien Ernest, auteur du traité Arerum Binicis, ou comment faire tomber les oiseaux, qui a marqué tous les fauconniers qui sont suivi.
   Il y décrit notamment des parties de chasse menées à l'aide deu tambour à corde de modèle breveté Rivex, en moyeux filetés et écran portatif inoxydable.) Enfin, alors que la situation devenait de plus en plus tendue à la cour, un petit moine arriva de province à pied, et sortant de sa besace un grimoire racorni, lut à l'assemblée du collège de musicologues la communication suivante : "Dans la région septentrionale du Hongrou-Sulfoum, dans le dialecte eddrect, une petite rivière du nom de llearitt coule et traverse le village d'Ersccnt où vit le forgeron Hurubert. Or ce forgeron depuis plusieurs semaines, pris d'hallucinations s'est mis à dessiner d'étranges machines qu'il dit volantes, alors qu'il n'est pas capable de monter sur une bicyclette. Il travaille la nuit et revient chaque matin à l'atelier avec des liasses de feuilles griffonnées de manière obscure."
Immédiatement on dépêcha une escouade pour ramener l'individu et ses gribouillis. L'homme se présenta sous le nom de Hurubert Rusjrecc, sous les acclamations de la cour. Encouragés par ces cris dont il ne comprenait pas la cause, il exposa dans son dialecte ses plans pour fabriquer ses machines étranges. Personne ne comprit goutte et, craignant quelqu'espion, on l'envoya au cachot avec ses dessins.
    Quelques semaines plus tard le Royaume tombait aux mains de la Soubaline du Sud, et parmi les décombres du château, on retrouva des liasses de feuilles qui décrivaient précisément l'invasion future ainsi que des machines à feu à poster le long de la rivière qu'empruntèrent les envahisseurs, la llearitt. Des ingénieurs militaires prétendent encore aujourd'hui que la conformation de l'armée aux pronostics de Rusjrecc aurait sauvé le royaume de sa chute.

Petit Bobok 2

Harmonie et prospérité de Johnston par le chanoine St Quentin-Sylvestre

"Lorsque la parole se tait, le silence se remplit progressivement par la pensée, que l'on peut, avec du soin et de la concentration, entendre sous forme d'harmonie. La coulure de ces harmonies est bien sûr dépendante des pensées qui la précèdent, et on ne s'étonnera pas plus de voir des accords lumineux et résonnants dans le cas de pensées élevées et virginales, et que des accords arrachés et hargneux quand les hommes ont des pensées impures. Après, peut-on imaginer une adéquation parfaite entre les pensées et la couleur de l'harmonie ?
Nous avons fait des tests, nous avons fait intervenir les mêmes personnes qui pensaient à des choses différentes, et inversement des personnes différentes qui pensaient à la même chose. Eh bien le résultat est plus complexe qu'on le croit ; non seulement les feuilles de la pensée s'envolent et la musique reste la même, et aussi inversement, il se peut fort que tels des grands voiliers si loin qu'on ne distingue plus qu'une tache blanche des bribes de pensées flottant dans une pièce émettent des sons si singuliers que personne ne songerait à les associer. Découverts par le grand prêtre Johnston, ces demies-correspondances ont été considérées parfois comme pathologiques, tandis que personne ne s'étonne que quelqu'un pratique un instrument pendant des années sans savoir pourquoi, ni quel sens possède le résultat. Donc, que ce soit maladif chez certains sujets (on raconte par exemple que Johnston était si sensible qu'il pouvait savoir à quoi les gens pensaient rien qu'en entendant les harmonies résultantes, à tel point qu'il a du s'isoler de la société des hommes pour ne pas être en permanence dans une situation de voyeurisme mental).
Ce qui est plus intéressant est que Johnston a fini sa vie en consignant ce que la Nature lui enseignait sous forme de rémanences harmoniques, c'est-à-dire rien d'autre que le son produit par ce que l'on ne peut pas appeler de pensée, mais peut-être une forme d'activité intelligente des plantes, des arbres et des pierres. En sachant que chacune d'entre elle émet quelque chose, qui se modifie au gré au des saisons, des heures de la journée, et que la mer émet un puissant et permanent rugissement lointain, nous ne pouvons qu'être émerveillés de penser qu'il a atteint l'écoute du son du monde, la voix de la nature, au sens propre.

La sauvegarde du reître sauvage : une cause perdue ?


On s'est réjoui trop vite de voir disparaître les soldats de caves, capables de rester cachés pendant des mois parmi les bouteilles et les landaus abandonnés, se nourrissant de patates crues et de housses de voitures déballées.
Certes, leur puanteur extrême lorsqu'ils montaient prendre une douche, le risque permanent pour les familles de voir leur bonne violée, engrossée voire kidnappée, les chansons paillardes qui résonnaient à travers les tuyauteries, les excréments accumulés devant la porte, tout ceci a disparu, mais !
Fallait-il les remplacer par ces rats chanteurs, bruyants et à reproduction rapide ? A-t'on gagné entre les poils et les armures du reître de cave, et les queues et chansons des rats veilleurs ? On nous dit qu'ils coûtent moins cher à la collectivité, que leurs pensions sont moindres. Mais je ferais remarquer
1° Qu'ils se reproduisent vite, donc c'est une armée de chômeurs qui se prépare,
2° que leurs chants inextinguibles puisqu'ils chantent en permanence, en courant, en mangeant, et même en dormant, leurs chants sont d'une stridence telle qu'on ne peut que fuir, oui fuir. Fallait-il, du reste, qu'ils soient injectés de force dans les caves, (même si celles-ci sont vides), et qu'ils se nourrissent tout d'abord des reîtres ?
Et maintenant que ces derniers ont soit disparu soit ont pris le maquis, que va-t'il se passer ? Les rats veilleurs, sans aucun doute, monteront par les tuyaux, les gouttières, les boiseries, les plinthes, les fenêtres disjointes, et dévoreront la maisonnée, en commençant par le chat, puis les bébés, et en finissant par recracher avec un petit bruit satisfait les os des pieds de grand-mère. Alors, ceci est un tout dernier appel à la raison : gardez vos reîtres, et chassez vos rats veilleurs, ils ne vont vous attirer que des ennuis.


Les rasoirs de Mademoiselle Dujambe.

   Elle qui n'aime pas s'épiler, Melle Dujambe, là voilà aux prises avec un rasoir spécial : le rasoir sélecteur de poils. En effet, Roger (c'est son nom) ne coupe pas tout. Par exemple les petits duvets doux, il rechigne : pas son style, prétend-il. Il aime la lutte, l'effroi du grand pilos qui se tortille pour l'éviter. Et puis les blondes c'est pas son truc. Ca n'a jamais été son truc.
    Alors, Melle Dujambe qu'a des poils plein les pattes, elle est sérieusement mal tombée : blonde, avec des petits poils menus, brillants à la lumière, mais rien comme des grosses lianes noires qui exciterait Roger, ça non. La voilà donc qui passe et repasse Roger sur ses tibias. Et passe, et repasse. Mais rien n'y fait, vraiment rien.
   "Aaaaah mais c'est une brique, ce rasoir".
    Et elle le jette rageusement. Elle farfouille dans le paquet (un paquet de 5, ça va, elle a de a marge), et se saisit d'Antoine, un grand timide, un peu cœur d'artichaud. Et là c'est l'amour. Elle ne lui confie plus seulement les parties visibles, mais les invisibles, les intimes.
      Oui oui.
    Avec douceur, avec amour, Antoine module son tracé, sa force (quel lion, quel agneau !) Et jamais ne la coupe, Melle Dujambe.
   Jusqu'au jour malheureux ou Tony, le brun Tony qui est venu dormir à la maison, le matin s'empare d'Antoine et horreur, le plaque sur son papier de verre qui lui tient lieu de joue, et c'est la mort d'Antoine.

merci tonton

En route ! voilà ce que disait tonton oursin à sa petite famille encore vierge d'expériences nautiques. En route, on va découvrir le pays, et une fois pour toutes !
Mais c'était sans compter sur le grand filet thonier du RigolPince, grande usine à poisson immatriculée au Panama, avec un équipage sud-africain, un armateur grec, un moteur américain, des protistuées philippines, et de la cuisine italienne.
Pris dans les rets du filet fatal, les voilà qui chantent :
"Dans une assiette on finira, comme grand papa, comme grand papa.
Sur un plateau on pourrira, de ci delà, et puis voilà."
Mais c'est pas tout ! car nos petits amis, pleins de malice, ont réussi à absorber une bonne quantité de pétrole avant d'embarquer sur le RigolPince, et alors, quelle tête il fait, ce grand amateur de plateau de fruits de mer parisien, sur son boulevard illuminé, derrière son verre de blanc sec californien.
Parce que, on a beau dire, l'oursin au gasoil, ça n'a pas que du bon.

PALEO LEAR in NIROX



This is a little flash back.
This "show" was presented in Nirox, the art foundation in Cradle of Human Kind, South Africa, in april 2011.
But in spite of the delay, the general concept is quite unusual, and the pictures are very beautiful, so this is a short description of the whole.
To start with, in 2010 i realised in Nirox a series of short movies, videos, starring skulls, animal skulls, used as puppets. Each head was a character in the play A king Lear, by (more or less) William Shakespeare. I did that with no preconceived idea, i must say, the fact that these beautiful skulls were there, and that i was working on Lear at that time made me do that.


Regan & Goneril



It was quite interesting to make these bones move and represent the actions and words of these Renaissance characters. Technically speaking, i added the voices afterwords, voices made by the Vox vocal quartet, from Göteborg.



Vox quartet during the performance of A king, Lear



The whole skull Lear movie was used during a show presented in France in november of 2010. The show included singers (this Vox vocal quartet), the Diotima String Quartet, Miquel Bernat on percussion, and so and so.




In this show, the movies were integrated in the beautiful scenography by Jim Clayburgh, on movable screens ; the story was told by the narrator, Johanne Saunier, and the skull movies acted like a parody, or a double story line. The story was either sung, or spoken by Johanne (i couldn't set all the scenes in music), or shown on the screen through these movies.



A King, Lear, tutti




Then in april 2011 i was invited to perform in Nirox, thanx to the French Institute and i had the idea to actually perform the movies i shot, based on that concept :



Nirox Foundation allowed me to stay for a while and do precise and definitive researches in the Cradle of Human Sounds ; the results were beyond expectations : i discovered many forgotten species of animals, of sound categories, and even started to build a new taxinomy for them. My second stay, not earlier than last march allowed me to attend to unknown rituals in Nirox : every night and early mornings a number of animals (who explicitely requested anonymity) play the King Lear play, today known as written by William Shakespeare. I filmed some of these strange scenes, with a hidden camera.
No one can prevent me to think that these scenes are rigousrously similarly performed every day since the dawn of humanity ; in that case, Shakespeare didn't invent anything, but more, he attended some of these secret performances, on which he based his writing.
To imagine Shakespeare nervously recording these best repartees hidden in a bush at Nirox is a fascinating yet already controversial thesis, which i kindly leave to the discretion of the brittish specialists.
Regards from

Henry Jacques Glaçon



The form was the following : audience was invited to come to Nirox at 11am, and the show started at about 11H45. It had the appearance of a fair. I was the guide, taking people from one spot to another, on path ccarefully defined by Benji Liebmann, the owner of the place.

This is how Benji introduced the thing :



In 2008 William Kentridge introduced NIROX to Francois Sarhan, the composer and cellist. We got much more than we bargained for!
By the end of his first residency he had revealed a range of skills, intellect and wit that clearly positioned his art at the cutting edge – combining sound, stop-animation film, collage, painting, text and performance – with a result that defies categorization.
In 2009 Sarhan and his group CRwth introduced the fictional character Prof Glacon and his phantasmagorical Dadaist views on the world of music, to an unsuspecting public through a performance in the NIROX sculpture park, alongside a French picnic. Apart from spreading confusion all round regarding the history of music, the event was a resounding success.
Two years and several more visits to NIROX later, Sarhan returns to expose the ‘truth’ about the history of Shakespear’s King Lear. He is joined by members of the highly regarded percussion group ‘Drumming’, based in Portugal and comprising performers from across Europe.
Having studied the Paleo-anthropological history so richly preserved in the Cradle of Humankind (according to Prof Glacon, more correctly named the Cradle of Human Sound), Sarhan will reveal to the audience Prof Glacon’s discovery of Shakespeare’s inspiration, and perhaps his plagiarism?
Deep in the bush lie the secrets uncovered by Glacon. The audience will hear ancient sounds and watch strange beasts as it is led through secret bush paths – gratefully sustained with wine and a charcuterie lunch – to emerge enlightened, entertained, and satiated.






So the audience was walking in this paradisiac nature, and from time to time could see and hear a scene from Lear, performed by three awesome puppetiers, and the glorious Drumming percussion quartet, from Portugal.














There were about 6 scenes, and i explained a bit before, then music and performance.






The fun is to put musicians and puppeteers in strange positions.
And to suspend instruments and instrumentalists.